COL DU GRANON

Situé dans les Hautes Alpes, dominant la vallée de Serre Chevalier Briançon, le Col du Granon culmine à  2 404 m d’altitude*.  Moins célèbre que certains cols de la région tels que le Galibier, le Lautaret ou l’Izoard, son ascension en vélo est pourtant beaucoup plus redoutable !

Seulement accessible par le versant sud**, c’est un des cols routiers les plus hauts de France. Il a d’ailleurs longtemps été la plus haute arrivée d’étape de l’histoire du Tour de France, jusqu’en juillet 2011. Chasseur de cols dans l’âme, je me devais par conséquent de me frotter à ce mythe méconnu…

*Le panneau indique 2 413 m.
**Le versant nord n’est pas asphalté et n’est pratiquable qu’en 4×4 ou VTT.


Un col rempli de symboles

Ce col a pour moi une signification et une saveur particulières. En effet, mon oncle (quinquagénaire) l’avait gravi en vélo à la fin des années 90, alors qu’il était atteint d’un cancer, qui l’emportera quelques mois plus tard après cet exploit personnel. Le fait que la route du col soit une voie sans issue au sommet rajoute un côté mystique à cette ascension. En anglais, “Dead End”… tout est dit. Une quête spirituelle, un hommage, voire un pèlerinage, que je devais ainsi effectuer une fois étant dans la région. Et puis Serre Chevalier, c’est aussi un peu ma “terre natale”. Chose faite aux étés 2018 et 2019 : « Loulou, it’s for you » 🙏🏼

Mon père, en 2018, au sujet de mon oncle :Le Granon ?... Loulou avait été un géant ce jour-là...

Bien des années avant, en 1986, lors de l’unique arrivée du Tour de France sur ce col, j’avais également assisté à la perte définitive du maillot jaune de Bernard Hinault au profit de Greg Lemond. À ce jour, cela aurait pu constituer la dernière victoire française au Tour de France. Un crève cœur à l’époque. Des symboles, de l’émotion… c’est le Granon.

Son surnom ? “The Beast”

C’est effectivement ce que j’ai ressenti lors de ma première ascension en vélo en 2018. Un col bestial, brutal et dont la dureté, qui n’a d’égale que la beauté de ses paysages, ne vous épargne rien. Car en dehors des 1 400 premiers m à 2% pour rejoindre Saint-Chaffrey, pendant les 11,5 km restants, la pente ne descend jamais en dessous des 9%. Malgré une relative régularité, celle-ci oscille même entre 11 et 15% sur certaines portions ! Dans un bon jour, il faut déjà fournir un morceau d’anthologie. À l’inverse, dans un jour sans, cela sera un calvaire, une épreuve de force. L’envie de faire demi-tour est alors souvent présente. Mais de mon côté, pour mon oncle, il était inconcevable de ne pas aller au bout.

Bernard Hinault, en 2005, au sujet de l’étape du Tour de France 1986 :Je ne me souviens pas avoir souffert du manque d'oxygénation, mais plutôt de la pente assez dure et sans aucun répit.

Je confirme, surtout à mon niveau 😅 il n’y a effectivement aucun moment de répit dans le Granon. Pas d’ombre, pas de végétation, pas de replat, très peu de lacets pour relancer… J’avais subi en 2018, je l’ai vaincu en 2019. Mieux entraîné, plus habitué aux pentes et aux longs cols, j’ai mis 2′ de moins sur l’ascension, avec un braquet de 36 x 30 (vs 34 x 29) et avec de biens meilleures sensations malgré la violence de ce col.

Seul sur Terre. Ou sur la Lune ?

Comme la route est très peu ombragée, j’ai à chaque fois effectué l’ascension “à la fraîche”, à 7h du matin. En vacances, cela fait tôt, mais il y a plusieurs avantages et petits plaisirs à en tirer. Tout d’abord, même si la route est un cul de sac, on croise peu de voitures à cette heure. En revanche, des marmottes, on en entend et on en croise. Même en pleine descente, quand certaines, téméraires ou inconscientes, traversent la route devant votre roue avant. Alors que vous êtes lancés à plus de 70 km/h !

Ensuite, j’ai eu la chance d’être seul sur la route, sans aucun bruit. En dehors de celui des marmottes, du vent et de mon souffle luttant à plus de 2 000 m d’altitude. Épique. Les 3 derniers kilomètres se déroulent face au lever du soleil, qui se dévoile timidement au gré des crêtes. Magique et enivrant à la fois. Seul replat de l’ascension, les 500 derniers mètres offrent un final en apothéose avec une arrivée sur un décor lunaire. Inoubliable.


L’essentiel – Col du Granon

  • Altitude : 2 404 m
  • Kilométrage (depuis St Chaffrey) : 11,5 km
  • Dénivelé + : 1 040 m
  • % moyen : 9,3
  • % max sur 1 km : 11,1
  • Catégorie : HC (Hors Catégorie)
  • Profil : ici

Ascension(s) réalisée(s) : 19/08/2018 et 26/08/2019
Crédits photos : Cédric Le Sec’h @cedriclesech