QUENTIN KURC BOUCAU CROISE LE FER EN 2019 !

En ce début de saison 2019, j’ai rencontré Quentin Kurc Boucau, parrain de l’association Barth France et récemment élu  triathlète amateur Français de l’année 2018*.  Sourire espiègle, œil malicieux, le gaillard est puissant dans le triple effort et adore quand « ça cogne », notamment en vélo**, sa discipline de prédilection.

Fraîchement passé professionnel en 2019, Quentin vient tout juste de terminer sa première course pro avec l’Ironman 70.3 de Dubaï le 1er février. J’ai recueilli pour opentri.fr ses impressions, ses certitudes… ses doutes, ses valeurs dans le triathlon et dans la vie.

*Élections des triathlètes de l’année 2018 réalisées par la revue Triathlète Magazine.
**3,75 w/kg sur 180 km.


Le triathlon est surtout devenu un mode de vie, mon régulateur d’humeur.

Quentin, tu sors d’une grosse saison 2018 en tant que triathlète amateur (1er classe d’âge half Ironman Deauville, 2è classe d’âge half Ironman Vichy, 1er Français amateur aux Championnats du Monde Ironman à Hawaï en 8h53) Quel regard portes-tu sur cette saison et sur le triathlon en général ?

Sur la saison 2018 j’ai pris beaucoup de plaisir, même si les performances n’ont pas été conformes aux objectifs. J’ai pu profiter pleinement de mon sport et c’est essentiellement ce que je retiens de cette saison.

Je n’ai pas forcément une approche “compet” pour écraser la course ou vouloir terminer 1er. Je cherche avant tout à remplir les objectifs fixés avec mon coach Jonathan Tryoen (TryCoaching). Le triathlon c’est surtout devenu un mode de vie, mon régulateur d’humeur.
Je sais faire la part des choses, ne pas en faire quand cela est nécessaire, et je suis d’autant plus heureux quand je le partage en course, ou en dehors.

Tu as pris la décision de passer professionnel en 2019. Quelles ont été tes motivations pour franchir le pas ?

A vrai dire, je ne sais pas trop ! Même si cela a toujours été comme un rêve un peu lointain. En fait, même si mes performances étaient bonnes en groupe d’âge, je ne pensais pas avoir la légitimité nécessaire. Mes récents progrès en natation – qui était le point noir pour passer pro – m’ont fait réaliser que c’était finalement le bon timing pour le faire.

Qu’est ce qui a concrètement changé et comment s’organise ta semaine type d’entraînement ?

Dans la pratique, cela n’a pas changé grand-chose, si ce n’est que ma société m’autorisera bientôt à bénéficier d’un temps partiel à 80% de mes 39 heures. Ce qui me permettra d’avoir un jour de plus dédié à l’entraînement.

Sur l’organisation de mes semaines, j’aime bien être speed. Il faut donc que tout soit carré. Je suis très maniaque dans mon approche de la vie au quotidien. Je pense que cela me rassure d’avoir les mêmes rituels. Ca se résume par un lever à 4h45, 20’ de gainage, douche, p’tit déj, boulot jusqu’à 15h, puis sport.

Content de ne pas avoir foiré ma 1ère course pro.

Tu viens justement de finir l’Ironman 70.3* de Dubaï avec l’étiquette de professionnel. Quels enseignements tires-tu de cette course ?

Tout d’abord, je suis content de ne pas avoir foiré totalement ma 1ère course pro, c’était la crainte. Le temps en course à pied (1h28) n’est pas bon mais était prévisible suite à un TFL** qui ne m’a permis de courir que 5 fois depuis mi-décembre. En natation, je sors en moins de 28 minutes. Je suis très content car le départ c’est vraiment costaud, un gros niveau. Je suis plus déçu en vélo car cela fait 4-5 courses que les watts de l’entraînement ne sont pas au rendez-vous.

*Ironman 70.3 : 1,9 km de natation / 90 km de vélo / 21,1 km de course à pied.
**TFL : Tendinite du Fascia Lata (syndrome de l’essuie glace) tendon qui relie la face externe du genou et la hanche.

Avec ce nouveau statut, quels sont tes objectifs pour la saison 2019 ?

Avoir le statut pro offre comme avantages de ne pas payer l’inscription aux courses et d’être logé sans frais – quand cela est possible – sur certaines épreuves. Donc l’idée c’est plutôt de faire beaucoup de courses – essentiellement des 70.3 – pour emmagasiner de l’expérience, devenir plus performant en vélo sur ce format et prendre beaucoup de plaisir !

Parlons un peu d’Hawaï, le rêve de tout triathlète. Après 2013 et 2015, c’était déjà avec 2018 la 3ème fois que tu finis Kona. Quelle course t’a le plus marqué parmi tes 3 participations et pourquoi ?

La 1ère fois est mémorable : découverte d’une course mythique, faite à la sortie de mes études, sans grosse préparation et avec peu de moyens financiers… mais avec un bon résultat. Mais je dirais ma 2ème participation, en 2015, car c’est mon meilleur classement et la course que j’ai le mieux gérée.

Quelle était ta stratégie de course lors de la dernière édition, et es-tu surpris, ou déçu, de ta performance ?

J’avais une stratégie de course complètement différente : mieux partir en natation, sortir en moins d’une heure (56’), faire un vélo tout en contrôle (4h24) pour enchaîner sur une grosse course à pied pour concrétiser les progrès constatés l’été dernier. Malheureusement, les conditions climatiques hyper favorables (absence de vent) n’ont pas permis de creuser les écarts attendus en vélo. Et mes sensations à pied pendant le marathon (3h26) m’ont empêché de claquer le temps espéré.

Je suis un fou de vélo, je le lave 4 fois par jour !

Côté matériel, tu étais déjà accompagné de plusieurs partenaires de qualité. Opter pour le statut pro t’a-t-il ouvert de nouvelles portes avec les sponsors ?

Je ne suis pas sûr. Indépendamment de mon statut, la communication que j’ai mise en place depuis 2-3 ans m’apportait déjà de la légitimité à ce niveau. En fin de contrat avec certains sponsors après Hawaï, j’ai vite retrouvé d’autres partenaires de qualité – comme Parlee pour le vélo – par l’intermédiaire de Ze Bike Shop à Versailles et par les relations de confiance que j’entretenais déjà avec certaines marques comme 2XU, Tā Energy, GU et Cycling Ceramic.

Quels sont tes équipements préférés ?

En nutrition, je suis adepte de GU depuis des années, notamment pour les gels. Tā Energy me fournit tout ce qui est boisson à l’effort. Pour le reste, le vélo étant mon point fort, je suis fan de mon Parlee équipé de ses roues Enve et full optimisé en roulement céramique Cycling Ceramic. C’est mon “précieux”, je l’entretiens comme un bijou, limite à le laver 4 fois par jour !

Depuis la fin de la saison 2017, tu soutiens l’association Barth France. Peux-tu nous en parler ?

Je suis impliqué dans les assos depuis 3 ans, d’abord avec Maladies Rares Info Service et Barth France depuis plus d’un an. Barth France aide à communiquer sur le syndrome de Barth, maladie génétique méconnue en France, qui touche les enfants (essentiellement les garçons) et qui n’a pas de remède. Ainsi la communication est essentielle pour sensibiliser et récolter des dons pour faire avancer la recherche.

C’est une relation bilatérale car je communique certes pour l’association, en courant notamment sous leurs couleurs, mais c’est surtout une famille dans laquelle je me sens très soutenu.
Penser à ces enfants, c’est aussi une énorme source de motivation dans les moments difficiles en stage de triathlon ou en compétition. Ça me donne des ailes sur la course !

Le triathlon ? Bien prendre en compte tous les éléments de la vie.

Pour finir, quels conseils donnerais-tu aux débutants en triathlon et à ceux qui hésitent à passer sur longue distance ?

Le triathlon, c’est très chronophage… donc attention de bien prendre en compte tous les éléments de la vie : travail, vie familiale. Ensuite, il faut surtout être patient, régulier, prendre le maximum de plaisir en le faisant pour soi et non par rapport aux autres.


L’interview décalée – 30 secondes full gas !

  • Ta plus grande satisfaction ? L’Ironman Afrique du Sud en 2015.
  • Ta plus grande peur ? Vraiment foirer une course.
  • Ton plus grand soutien ? Ma femme.
  • Ton fantasme de triathlète ? Poser le vélo en 1er sur un triathlon en pro…
  • Ce que tu aimes le plus ? Le vélo !
  • Ce que tu détestes le plus ? La natation !
  • Ton film culte ? J’en ai pas ! Je ne suis pas assez cinéphile.
  • Ta musique culte ? Le rythme répétitif du reggae me rassure, mais étant mélomane, j’aime tout !
  • Ton astuce nutrition ? Beaucoup ! la quantité !
  • Ton truc spécial made in Quentin ? La quantité, toujours !
  • Ton plus grand secret ? Je te le dirai pas… 😉
  • Ta devise ? Il y a un copyright car ce n’est pas de moi mais : « Pain is Temporary ! »

En bref – Quentin Kurc Boucau

  • 30 ans – 1,84 m – 80 kg
  • Résidence : Meudon
  • Club : Barth France
  • Débuts en triathlon : 2012
  • Palmarès :
    • Ironman World Championship Hawaï 2018 : 1er Français amateur.
    • Record vélo amateur* (4h24’09’’)
    • Ironman Floride 2017 : 3è scratch / 1er par catégorie.
    • Record du monde vélo amateur* (4h14’17’’, 2è meilleur temps français)
    • Ironman Afrique du Sud 2015 : 1er par catégorie.

*Sans substances interdites par l’AMA (Agence Mondiale AntiDopage)

Pour suivre son actualité, vous pouvez retrouver Quentin sur son site quentinkurcboucau.com et sur ses pages Facebook & Instagram
Propos recueillis par Cédric Le Sec’h @cedriclesech
Média : Article publié sur opentri.fr le 11/02/2019
Crédits photos : Activ’images / Jacky Everaerdt / C-reel