DIEGO PAZOS “ZPEEDY”, LE GENTLEMAN TRAILER

Quand on pense Suisse, on pense chocolat, emmental, montagnes, lac Léman, horlogers… voire lenteur. Car c’est bien aux Suisses que l’on associe l’adage « Faut pas s’presser, y’a pas le feu au lac ». Mais la lenteur, ce n’est pas le cas du  trail runner suisse  Diego Pazos ‘‘Zpeedy’’, qui joue plutôt les premiers rôles sur ultra. Et par ultra, comprenez courses de plus de 100 miles (soit 160 km), sa distance de prédilection.

Dans le cadre de la présentation de la gamme 2019 de Compressport®, son équipementier, nous avons rencontré et accompagné Diego lors d’une sortie run ‘‘à la cool’’. Au menu, Diego nous a parlé de sa passion et nous a offert entrée-plat-dessert avec caractère enjoué, sourire contagieux et nœud-pap moustache.


Voir l'UTMB en 2011 a été un déclic.

Diego, auparavant tu pratiquais le football* et tu as changé de crampons en 2011. Comment as-tu découvert le trail running ?

Je l’ai découvert sur internet, en regardant l’Ultra Trail du Mont Blanc**, en me disant que c’était quand même des tarés de courir aussi longtemps. En fait, à la base, je ne suis pas un montagnard. Mais étant né en Suisse et d’origine espagnol, j’ai toujours beaucoup suivi le sport en Espagne.

Alors quand j’ai vu Kilian Jornet, Iker Karrera et Miguel Erras sur l’UTMB 2011 avec ce lever de soleil fabuleux sur le Col de la Seigne, cela a été le déclic : arrêter le foot et me lancer un gros défi !

*Diego était footballeur amateur en 2è ligue à Prilly en Suisse.
** UTMB : 171 km – 10 000 m d+

Policier scientifique*, papa depuis 2017, ultra trailer… comment articules-tu ta pratique sportive par rapport à tout ça alors que tu n’es pas athlète professionnel ?

Cela s’appelle un puzzle ! C’est vrai que ce n’est pas tous les jours facile. Il faut savoir combiner toutes les pièces. L’an dernier notamment, les premiers mois après la naissance du petit ont été compliqués car il ne faisait pas ses nuits, avait des problèmes de reflux… Donc j’ai eu des nuits très courtes, avec peu de repos, ce qui rend l’entrainement difficile. A présent, cela va beaucoup mieux, j’arrive à retrouver un équilibre.

Avec le boulot, lors des périodes plus denses, je ne m’affole pas. Je m’entraine certes moins que les athlètes élites, mais je privilégie vraiment la qualité en optimisant mes séances (entre midi et deux, le week-end). Donc au global j’arrive quand même à m’entrainer entre 8 et 15 heures par semaine.

*Diego est diplômé en science forensique et expert en drogues synthétiques au sein de la police fédérale à Berne.

D’où vient ton surnom “Zpeedy” ?

Avec un Z hein ! “Za” vient d’où ? Cela vient d’un mélange, d’une combinaison entre Diego de la Vega, alias Zorro, car en lien avec ma moustache, mes origines, mon prénom… et de Speedy Gonzales.

Et l’histoire du ‘‘nœud-pap’’, c’est quoi ?

Le nœud-pap, cela représente ma femme et mes potes. Comme ça ils courent avec moi. En fait, je mettais souvent des nœuds-pap avant de connaître ma femme. Cela a d’ailleurs été un des symboles de notre mariage. Et à mon enterrement de vie de garçon en 2015, qui a duré 5 jours (!), j’ai bien dû recevoir 6 ou 7 nœuds-pap à paillettes pour mes différents déguisements ! Depuis, ce sont généralement ceux-là que je porte en course et c’est devenu un clin d’œil, un ‘‘gris-gris’’.

J'ai besoin de nature, d'aller chercher le sentier.

Quelle est ta philosophie en trail running ?

Pour moi, le trail running est avant tout synonyme de liberté. Pouvoir aller où je veux, quand je veux, prendre le sentier. Je n’aime pas spécialement la route, par exemple je n’ai jamais fait de marathon. J’ai besoin de nature, d’aller chercher le nouveau chemin, découvrir de nouveaux itinéraires. C’est ce qui m’a principalement fait venir au trail running.

Ensuite il y a une autre composante. C’est celle de me connaître personnellement : connaître mes limites, mon niveau de performance en fonction des mes moyens et de mon style de vie, car en course je reste avant tout un compétiteur. Donc finalement pour moi le trail running c’est un bon mix entre compétition, découverte et liberté.

Justement, quel regard portes-tu sur l’évolution du trail running ces dernières années et sur l’apparition de certaines pratiques douteuses pour améliorer ses performances, y compris chez les amateurs ?

C’est vrai que c’est un peu comme toutes les déviances dans les nouveaux sports qui progressent et veulent se structurer. Chez les élites mais chez les amateurs aussi, tu fais bien de le souligner. Par exemple, et ce sont des discussions que j’ai déjà entendues entre pratiquants et passionnés, la prise d’anti-inflammatoires pour “masquer” une douleur et pouvoir participer à une course ne peut être justifiée. A partir de là, on va déjà trop loin, on franchit une barrière, on met sa santé en danger, on créé des blessures… Aucune course ne peut justifier cela.

Je mise surtout sur la fraîcheur physique et mentale.

Quel est le programme de ta saison en 2019 ?

Chargé ! J’ai 4 objectifs, le principal étant l’UTMB fin août. Avant, je commencerai par le MIUT* à Madère le 27 avril, puis j’enchainerai deux semaines après avec la Transvulcania** aux Canaries. Et pour bien finir l’année, je ferai la Diagonale des Fous*** le 17 octobre. Le tout bien sûr saupoudré de quelques courses de préparation ! Cela va donc vraiment être une saison chargée et un bon test pour voir comment je réagis. Avec ma charge d’entrainement, je vais surtout miser sur la fraicheur, aussi bien physique que mentale.

*Ultra Trail de l’Ile de Madère : 115 km – 6 850 m d+
**Transvulcania : 74 km – 4 350 m d+
***Grand Raid de la Réunion : 165 km – 9 576 m d+

Tu es également co-organisateur du Montreux Trail Festival*. Malheureusement, pas de distance reine (160 km) cette année pour la 3è édition, mais quel bilan tires-tu des 2 premières éditions ?

Un franc succès ! Il faudrait bien sûr poser la question aux coureurs mais tous les retours que nous avons eus sont positifs. Je m’y attendais un peu car le spot est un peu comme Annecy, d’une beauté incroyable, avec un lac et des chemins sur des crêtes splendides, qui sont encore plus techniques que ce que l’on peut trouver sur une course comme la Maxi Race.

Ce que les participants ont également beaucoup apprécié, c’est l’ambiance et le côté familial. Quand nous avons lancé le projet, mon souhait était bien sûr de faire découvrir la région, mais aussi de proposer un concept différent et d’allier trail et musique, qui fait partie de l’ADN de Montreux avec le Montreux Jazz Festival. Ainsi l’an passé, nous n’avions pas moins de 25 artistes qui se sont succédés sur le parcours. Parfois sur des scènes improbables : au pied de la Dent de Jaman ou encore sur un plateau rocheux avec une vue incroyable ! Nous voulions vraiment mettre en place cette ambiance spéciale.

*7 formats de courses différents sur le dernier weekend de juillet à Montreux, Suisse.

En tant qu’athlète Compressport®, quels sont tes équipements préférés ?

Concernant la nouvelle gamme 2019, 3 produits se détachent. Premièrement, le sac de trail Ultrun S Pack et la ceinture Free Belt Pro. Les deux combinés, au niveau ergonomie, c’est le top du top.

Puis le produit qui m’apporte vraiment un changement de par son originalité, ce sont les chaussettes Mid Compression Socks. Car en fonction des formats de course, j’aime bien la liberté du mollet et ayant souvent eu des tendinites, je veux surtout être bien tenu au niveau du tendon d’Achille. Ce que ces chaussettes font parfaitement : légères, plaquées sur le pied et la cheville, c’est une sensation super agréable.

Enfin, il y a la gamme Oxygen qui dans son ensemble propose des produits de compression légers, un peu plus courts mais super efficaces. C’est simple, je ne les sens même pas en course !

Il faut respecter la progressivité et se faire plaisir.

Pour finir, quels conseils donnerais-tu aux débutants en running et à ceux qui hésitent à passer sur longue distance en trail ?

Le conseil habituel, c’est d’appliquer la progressivité, principe que moi-même je n’ai pas respecté quand j’ai commencé. Bon, j’ai eu la chance de monter assez vite en gamme. Mais l’ultra, c’est une culture à appréhender, un vrai mode de vie. C’est une gestion de course si particulière. D’ailleurs en course sur un ultra j’emploie souvent le parallèle du pilote d’un avion qui, bien que dans sa bulle, a une multitude de paramètres à gérer. L’alimentation, le pacing, le matériel, les conditions météo, la stratégie changeante… C’est aussi ce qui fait que sur un ultra, tout le monde a ses chances.

Il faut donc prendre son temps pour apprivoiser cette culture. Ne pas vouloir tout, tout de suite, car en prenant le temps on prendra d’autant plus de plaisir à le faire et on durera plus sur la longueur. C’est quand même le but, pouvoir courir et se faire plaisir.


L’interview décalée – le KV, kilomètre vertical !

  • Ta plus grande satisfaction ? La famille, mon mariage et mon fils !
  • Ton plus grand regret ? Je n’ai pas de regret car je ne suis pas du genre à m’apitoyer, je rebondis tout de suite sur quelque chose.
  • Ta plus grande peur ? Perdre un de mes proches.
  • Ton plus grand soutien ? Ma femme.
  • Ce que tu aimes le plus ? Le chocolat noir !
  • Ce que tu détestes le plus ? L’arrogance.
  • Ton film culte ? ‘‘L’enfant sacré du Tibet’’ car gamin, j’adorais Eddy Murphy.
  • Ta musique culte ? Avicii. Car j’ai souvent dansé sur cette musique lors de mes arrivées de trail !
  • Ton astuce matos ? La combinaison du sac et de la ceinture Compressport®: gain de temps, ergonomie, tranquillité d’esprit.
  • Ton truc spécial made in Diego ? Mon nœud-pap… et mon sourire !
  • Ton fantasme d’athlète ? Gagner la ‘‘Diag’’.
  • Ta devise ? “Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin.”

En bref – Diego Pazos “Zpeedy”

  • 34 ans – 1,76 m – 65 kg
  • Résidence : Lausanne
  • Athlète Compressport
  • Débuts en trail running : 2011
  • Palmarès (non exhaustif)
    • Oman by UTMB (137 km – 7 800 m d+) : 1er en 2018
    • Eiger Ultra Trail E101 (101 km – 6 700 m d+) : 1er en 2016
    • Marathon du Mont Blanc (80 km – 6 000 m d+) : 1er en 2016

Pour suivre son actualité, vous pouvez retrouver Diego sur son site diegopazos.ch et sur ses pages Facebook & Instagram
Propos recueillis par Cédric Le Sec’h @cedriclesech
Média : article publié sur grounds.fr le 11/04/2019
Crédits photos : Facebook @DiegoPazosZpeedy