IRONMAN 70.3 DUBAÏ : LA FOLIE DES GRANDEURS… ET DES CHRONOS !

Son hôtel emblématique Burj-al-Arab, ses îles artificielles aux projets immobiliers les plus fous, ses immenses centres commerciaux, ou encore sa piste de ski en plein désert… Dubaï, c’est le  royaume de l’extraordinaire,  de la démesure, voire du surréalisme. Mais depuis quelques années, Dubaï c’est aussi le point de rendez-vous des triathlètes qui souhaitent lancer leur saison dans un cadre… ‟décalé”, avec des conditions météorologiques idéales et un profil de course aussi plat que le building Burj Khalifa est haut ! Retour sur la 5ème édition de cet Ironman 70.3, qui s’est tenue le 7 février dernier.


Aux portes du désert

Même si on ne fait pas Dubaï pour la beauté des paysages, cela reste un triathlon qui assure un certain dépaysement. Le spectacle commence dès la partie natation, dont le départ est situé sur la plage Jumeirah, au pied du célèbre Burj-al-Arab. Spot idéal pour se faire un petit selfie souvenir avant la bagarre ! Cette année encore, les eaux calmes du Golf Persique auront permis une natation rapide sur la boucle de 1,9km. Et côté professionnels, le groupe de tête, notamment composé du Belge Pieter Heemeryck (2è au final) et du Britannique Adam Bowden (3è au final), s’est extirpé en moins de 23 minutes.

Sorti à plus de 3 minutes, le Belge Bart Aernouts, vainqueur du jour, a alors commencé sa remontée fantastique. Le parcours routier super plat lui a effectivement permis de faire parler ses qualités de cycliste. Il a ainsi avalé les 90 km en 1:52:34 ! À cette vitesse, pas sûr qu’il ait eu le temps d’admirer les premières dunes du désert arabique, dont le parcours vélo amène aux confins. Les plus sceptiques diront que la distance n’était pas officielle, à contrario des 90 km annoncés par Ironman. Quoi qu’il en soit, le profil – qui consiste en un aller-retour presque tout droit – est taillé pour les gros rouleurs qui savent mettre les watts. Car en l’absence de vent, le 70.3 de Dubaï est une des courses les plus rapides du Monde !

Duel de princes belges

Le mano à mano belge entre Aernouts et Heemeryck a alors commencé en T2. Les deux hommes posant ensemble leurs machines dans le parc à vélo. Un parc de taille XXL sur pelouse synthétique, à la hauteur de l’environnement émirati. Avec l’impression d’assister une super production hollywoodienne ou un décor réalisé en 3D, tant tout est parfaitement aligné et bien rôdé… Car oui, faut-il encore le rappeler, l’organisation Ironman, c’est aussi ça. Même si quelques boulettes peuvent survenir (lire plus bas).

Pour la partie course à pied, la particularité consiste en une boucle et demie pour venir à bout des 21,1 km. Là encore, un tracé hyper plat et assez rectiligne, le long de la plage Jumeirah et du bord de côte. Rien d’insurmontable, tant que le vent n’est pas de la partie (poussière et sable sinon). Malgré une relative proximité du public, le manque d’ambiance est palpable. Car Dubaï ne déplace pas (encore) les foules pour le triathlon. Côté course, le Belge Heemeeryck, encore au coude à coude à mi-parcours sur le semi marathon, s’est alors vu contraint de rendre les armes et de laisser filer son compatriote Aernouts vers la victoire. Ce dernier aura claqué le semi en 1:10:52, reléguant sur la finish line son dauphin à 1:24 derrière. Son chrono final ? 3:33:45. Une prestation solide. Et qui confirme donc sa belle 2ème place à Kona en 2018.

Du côté des femmes, c’est Imogen Simmonds, 3ème aux deniers championnats du Monde 70.3 à Nice, qui s’est imposée de main de maître en 3:58:37. Sub 4h, c’est fort. Elle devient une (autre) Suissesse sur qui compter ! Favorite annoncée, elle a tranquillement géré sa course en compagnie de la Britannique Helen Jenkins et de la Brésilienne Pamella Oliveira, deux très bonnes nageuses (24:46 et 24:45). Après les avoir lâchées sur la deuxième partie du parcours vélo (2:06:59), Simmonds n’a ensuite jamais été inquiétée sur la partie pédestre. Elle finit ainsi avec presque 7 minutes (!) devant l’Américaine Danielle Dingman, auteure de son côté d’un semi marathon stratosphérique en 1:19:20, qui lui a permis de prendre la 2ème place devant Oliveira.

Plus de 110 athlètes français

Chez les Frenchies, plus de 110 athlètes – hommes et femmes confondus – étaient alignés sur la course. Une belle expérience ou un défi pour les uns. Un objectif de performance ou une quête de PR (Personal Record) pour d’autres. Le parcours super roulant étant propice à effectuer de (très) bons chronos. C’est un peu le cas de Nicolas Herbau, 3è Français (4:02:31), dont c’était la première course en tant que professionnel : « c’était une course hivernale de préparation, pour prendre de l’expérience à ce niveau. Il fallait essayer pour savoir. Le constat est clair : il y a un monde entre les pros et les amateurs. » Les chronos ne sont effectivement pas mensongers. Dubaï se court vite, très vite.

Pour Nicolas, la stratégie était de « suivre le paquet le plus longtemps possible en natation ». Puis il lui a fallu composer avec « des jambes pas au rendez-vous en vélo » et des douleurs en course à pied : « barre dans le dos, hanche qui grince ». Dans ces moments, c’est alors souvent le mental qui prend le relais. Ce que confirme l’intéressé : « je ne lâche jamais. Donc je me suis étiré et je me suis fait violence pour ensuite pouvoir relancer sur la deuxième partie du semi ». Pour finalement conclure sur une note positive : « quelle expérience acquise après 4h de souffrance ! Je sais que je reviendrai plus fort ».

Le fait insolite : les résultats tronqués

Pour une partie des groupes d’âge, la mauvaise surprise est à mettre au crédit de l’organisation. En effet, suite à un dysfonctionnement technique du chronométrage, certains athlètes ont vu leur résultats tronqués de la partie natation. Fait assez rare pour être souligné. Et qui a du coup rendu impossible les remises de récompenses et les allocations de slots qualificatifs. À l’heure où nous écrivons ces lignes, l’organisation étudie encore l’ensemble des données afin de remédier au problème.


L’essentiel – Ironman 70.3 Dubaï

  • Lieu : Dubaï – Émirats Arabes Unis
  • Date : vendredi 07/02/2020
  • Format : half ironman 70.3 (1,9 km / 90 km / 21,1 km)
  • Podium hommes :
    • Bart Aernouts (BEL) – 3:33:45 (26:02 / 1:52:34 / 1:10:52)
    • Pieter Heemeryck (BEL) – 3:35:09 (22:47 / 1:55:59 / 1:12:17)
    • Adam Bowden (GB) – 3:36:31 (22:41 / 1:57:09 / 1:12:14)
  • Podium femmes :
    • Imogen Simmonds (SUI) – 3:58:37 (25:41 / 2:06:59 / 1:21:10)
    • Danielle Dingman (USA) – 4:05:27 (32:10 / 2:09:15 / 1:19:20)
    • Pamella Oliveira (BRE) – 4:06:32 (24:45 / 2:09:24 / 1:27:12)

Reportage réalisé par Cédric Le Sec’h
Média : article publié dans Trimax n°194 le 02/03/2020
Crédits photos : Jacvan / J.Mitchell @activ’images / Alban Barbette